10/11/11

Le vaudeville de la formation du gouvernement grec

Le Monde
Discours télévisé de Georges Papandréou, le 9 novembre.Depuis le début de la crise grecque, le monde regarde en direct un pays s'effondrer. Il y a eu la révélation du maquillage des comptes, de l'ampleur de la dette et du déficit, de la plaie de la fraude fiscale. Est venu le temps des mesures d'austérité à
répétition et des manifestations de plus en plus violentes. Il y a dix jours, on assistait à l'explosion en vol du premier ministre Georges Papandréou, provoquant la panique sur les marchés et la chute de son gouvernement en annonçant un référendum.
Il ne manquait que le spectacle en mondovision des petites combines d'une classe politique inconsciente de sa déconsidération, continuant à jouer comme les musiciens du Titanic. Depuis près d'une semaine, les tractations pour accoucher d'un gouvernement de coalition relèvent davantage du vaudeville – "Opérette", titre Ta Néa, jeudi 10 novembre – que de la tragédie antique, avec ses claquements de portes, ses jeux de rumeurs et d'intoxications, ses cris d'orfraies jetés par chacun des deux partis s'accusant d'être la cause de la scène de ménage.
Jeudi matin, les chefs de partis se sont à nouveau réunis autour du président de la République, Carolos Papoulias, à la recherche d'un premier ministre qui ferait consensus. L'ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papadémos, revient dans la course après avoir été le favori du début de semaine. Les hommes politiques se sentent obligés de revenir à la raison après le spectacle affligeant présenté mercredi.
Dans la matinée, M. Papandréou avait assuré Nicolas Sarkozy de la "mise en place imminente d'un nouveau gouvernement en Grèce bénéficiant du soutien de la majorité et de l'opposition". Des rumeurs ont circulé toute la journée sur des personnalités différentes, puis en fin d'après-midi, le nom du président socialiste du Parlement, Philippos Petsalnikos, semblait s'imposer. Le rituel se met en place. Georges Papandréou fait sa dernière allocution télévisée. Il présente ses vœux au "nouveau premier ministre" et assure que le nouveau gouvernement "de consensus politique" va lancer "un fort message que nous, Grecs, savons assumer nos responsabilités et coopérer". Il le répète au président de la République, qui se dit "soulagé". Antonis Samaras, chef du parti de droite Nouvelle Démocratie, et Georges Karatzaféris, le chef du parti d'extrême droite, les rejoignent pour finaliser la composition du cabinet. Cette fois, celui-ci est sur le point d'être annoncé.
Devant le palais présidentiel, les journalistes égrènent déjà la liste des prochains ministres. Tout à coup, un homme à l'allure massive sort du palais et fonce comme un sanglier vers les journalistes pour éructer contre "les jeux tactiques des deux leaders". C'est Georges Karatzaféris, qui est opposé au choix de M. Petsalnikos. Il n'est pas le seul. Des députés Nouvelle Démocratie grondent, mais c'est au Pasok (socialiste) que la crise couve à nouveau.
Le président de la chambre ne suscite guère l'admiration de ses pairs. C'est un fidèle d'entre les fidèles de Georges Papandréou, qui l'a propulsé au sommet du perchoir. A 60 ans, il est considéré comme un apparatchik du Pasok. Qui plus est, il fait partie de la poignée de conseillers qui ont approuvé l'idée d'un référendum sur le plan européen du 27 octobre, avant que Georges Papandréou ne l'annonce et plonge le pays dans cette crise. Exit Philippos Petsalnikos.
Dans la coulisse, les batailles font rage. Côté Papandréou, on cible à nouveau le président de Nouvelle Démocratie, qui aurait refusé d'abord un gouvernement présidé par M. Papadémos, tout comme il aurait refusé une deuxième proposition, avec Evangélos Vénizélos comme premier ministre et Lucas Papadémos comme ministre des finances. A Nouvelle Démocratie, on soutient que "le Pasok n'a jamais proposé le nom de Papadémos". Mercredi soir, M.Samaras faisait savoir qu'il ne s'opposait ni à M.Papadémos, ni à M. Petsalkinos, ni à n'importe quel candidat et que c'était au Pasok de choisir. "Papandréou cherche de manière désespérée une solution pour garder le contrôle des événements, tandis que Samaras tente de ne pas assumer le choix, pour pouvoir dire plus tard qu'il n'était pas responsable, analyse le politologue Georges Séfertzis. Depuis la fin de la dictature, je crois que nous n'avons jamais eu affaire à des chefs de partis d'aussi basse qualité", affirme son homologue Elias Nikolakopoulos.
Le discrédit d'une classe politique jugée responsable de la situation du pays après des années de clientélisme, s'est fortement répandu. Le Pasok et Nouvelle Démocratie recueillent à eux deux moins de 40% des intentions de vote dans les sondages. "Le bipartisme a pris conscience qu'il s'effondrait. Les hommes politiques grecs font passer le sauvetage de leurs deux partis avant le sauvetage de leur pays. En agissant ainsi, ils ne se rendent pas compte qu'ils se condamnent comme le scorpion qui se mord la queue", explique Georges Séfertzis. Les partis sont très divisés. Le virage à 180 degrés d'Antonis Samaras dans son soutien au plan de sauvetage européen le met en porte-à-faux par rapport à son discours précédent, fait d'attaques contre M. Papandréou et les mesures d'austérité. Au Pasok, la bataille entre les partisans du populisme façon Andréas Papandréou et les courants plus modernistes, restent vives, même si elles apparaissent moins à la surface. "Il y a une division entre ceux qui veulent survivre dans une réalité politique qui reste celle du XIXe siècle, et qui est celle qui nous a mis dans la situation dans laquelle nous sommes, et ceux qui pensent que la classe politique grecque peut vivre au XXIe siècle", explique la députée Pasok Eléna Panariti, une économiste revenue des Etats-Unis en 2009.
Alain Salles
Πηγή:  Le Monde

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