16/2/12

Grèce et Islande : 2 visions de la démocratie. «Qui est ce Monsieur Schäuble qui ose humilier la Grèce ? »

Le drame grec
Par Rimbus
Wall Street a clôturé en hausse lundi, après le vote de mesures d'austérité par le Parlement grec, les investisseurs voulant croire que cette nouvelle étape permettra d'avancer vers une résolution de la crise de la dette en Grèce.




Wall Street a gagné plus de 20% depuis son plus bas de clôture inscrit début octobre, portée par un certain optimisme, celui de voir la crise de la dette en Europe finalement résolue.
Comme si la punition infligée au peuple grec était l'absolution de nos propres turpitudes.
Plus que jamais, le monde de la spéculation prend le masque du vautour qui se réjouit de l'agonie de son prochain festin.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi soir devant l'ambassade de Grèce à Paris pour exprimer leur solidarité avec la population après le vote d'un nouveau plan d'austérité par le Parlement grec sous la pression de la zone euro.
Jean-Luc Mélenchona assuré lors d'une prise de parole que le plan d'austérité appliqué à la Grèce pourrait l'être "exactement de la même manière en France".
"Ceci sera décidé à l'Assemblée nationale le 21 février prochain quand passera à l'Assemblée nationale le Mécanisme européen de stabilité financière qui, s'il est approuvé, conduira à ce que nous soyons nous aussi soumis à la vindicte de la troïka de la Banque centrale européenne, du FMI et de la Commission" européenne, a-t-il déclaré.
Olivier Besancenota assuré qu'il aurait été "clairement sur les barricades" s'il s'était trouvé dimanche en Grèce, où une nuit de violence a opposé forces de l'ordre et adversaires des nouvelles mesures.
"Le parlement grec, hier, n'a été finalement que la succursale du Fonds monétaire international, de la Banque centrale européenne et du système bancaire européen", a-t-il dit aux journalistes.
"On est venus pour réclamer, comme mesure immédiate, l'annulation de la dette grecque et, au-delà de la Grèce, car c'est une question qui touche tout le monde, une grande enquête citoyenne, un audit, sur les dettes européennes pour savoir qui spécule sur quoi", a-t-il ajouté.

Ce point de vue est partagé par Sonia Mitralia, membre du Comité grec contre la dette et du CADTM international, et il a été évoqué devant la Commission Sociale de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui s’est tenue le 24 janvier 2012 à Strasbourg sur le thème : “Les mesures d’austérité : un danger pour la démocratie et les droits sociaux”. 
Son plaidoyer qui détaille la paupérisation du peuple grec (à lire ici) se termine ainsi :
Notre conclusion est catégorique : la tragédie grecque n’est ni fatale ni insoluble. La solution existe et la répudiation, l’annulation et le non paiement de la dette publique grecque en font partie en tant que premier pas dans la bonne direction. C’est-à-dire, vers le salut de tout un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix…
 Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'annulation d'une dette, c'est à dire une sorte de  banqueroute, est un procédé très classique pour les états de régler leur passif en un claquement de doigt. Bien entendu, la note est lourde à payer, mais austérité pour austérité, autant se libérer  de ses créanciers. Et cela ne signifie en aucun cas la disparition de l'Etat et des infrastructures productives du pays.
La solution islandaise

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On pourrait citer le cas de l'Argentine ; mais plus près de nous l'exemple de l'Islande marque un profond contraste avec le visage de chaos que l'on voit en Grèce, et il n'en est que plus significatif.
Une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur Google, le black-out total. Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : Un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société. (InterObjectif.net)
 Ólafur Grímsson, le président islandais, a fait grincer des dents à Bruxelles en mettant le redressement plus rapide de son pays sur le compte de son refus de rembourser ses créanciers, pour la plupart étrangers. “La différence est qu’en Islande nous avons laissé les banques faire faillite, a-t-il expliqué. C’étaient des institutions privées ; nous n’y avons pas injecté de l’argent pour les maintenir à flot. L’Etat n’a pas à assumer cette responsabilité. (…)
Selon le Prix Nobel d’économie Paul Krugman, l’Islande s’est relevée plus vite parce qu’elle n’a jamais adopté l’euro. “Elle a fortement dévalué sa monnaie et imposé un contrôle des capitaux. Il s’est alors passé quelque chose d’étrange : bien qu’elle ait traversé la pire crise financière de l’Histoire, elle a été bien moins lourdement sanctionnée que d’autres nations.” Deux ans plus tard, la couronne islandaise a perdu 30 %, les fonderies d’aluminium tournent à plein régime pour satisfaire la demande étrangère, tandis que les produits locaux ont remplacé les légumes exotiques et autres tomates de serre importés.
Morale de l’histoire : si le choc d’une dévaluation peut déclencher une crise violente – et sur le coup très douloureuse –, une politique de rigueur et de déflation par la dette finit par causer plus de dégâts. (Courrier International 16-12-2010)

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L'enlèvement d'Europe

L'Europe, la Démocratie, de beaux concepts inventés par les Grecs… Que les Islandais, leurs opposés géographiques et culturels, ont utilisé à leur façon, en refusant la monnaie unique et en donnant le libre choix au peuple de décider de son destin.
Deux visions de la démocratie, celle de ceux qui l'ont inventé, et celle de ceux qui ont compris comment l'utiliser.
Πηγή



« Qui est ce Monsieur Schäuble qui ose humilier la Grèce ? »
Carnet de notes d'un anthropologue en Grèce


Hôpital - Athènes 16/02/2012 "Nous ne sommes plus payés - nous avons faim"
Sommes nous en train de basculer dans nos représentations ? Allons-nous tout droit vers les derniers retranchements de la stratégie du choc ? La bancocratie serait-elle alors bancale, y compris dans sa gérance  ? Ce matin je rencontre Pétros, petit commerçant. Je le connais un peu, il a toujours voté à droite, sans plus. C'est à dire, il préférait mieux suivre les matchs de football plutôt que la politique, un gentil monsieur comme on dit, ayant conservé à peu près sa petite place gentille, au sein du rang social. Eh bien, ce matin je l'ai vu métamorphosé.
«Ce n'est pas une affaire de droite ou de gauche, nous sommes sous occupation allemande et de Bruxelles, donc il faut s'en sortir du bourbier, quitter la zone euro et l'Union Européenne simultanément, alors après, dans la souffrance, nous irons organiser nos affaires, Samaras [chef de la droite] est fichu, seulement je voudrais voir nos militaires plus actifs... ». Donc pour un gentil... le parcours est long, finalement deux années Mémorandiennes, c'est comme deux ans sur le front de l'Est, les mentalités subissent alors un formatage complet pour ensuite recevoir un nouveau système d'exploitation. Sauf que ce n'est pas forcement celui imposé par les banquiers.
D'où l'empressement des tenants des... titres, en finir avec la Grèce et vite. Ils enragent, ils dépassent toute limite, tels les eurocrates lors du dernier Eurogroup. Ces gens ont exigé de l'ensemble des formations politiques de notre baronnie, l'acceptation de la pendaison imposée par le Mémorandum II, et ceci indépendamment des résultats des prochaines élections. Par exemple, les parties de gauche bien de chez nous, P.C. compris, doivent s'aligner. Je crois finalement que tous les gouvernements de l'Eurozonage depuis bien des années, s'alignent sur la bancocratie, mais sans trop le crier sur les toits, surtout pendant les périodes électorales, c'est à méditer, non ? Ou sinon, on nous « incite » à mettre en place un gouvernement « technocrate », qui gouvernera « sérieusement » sans être entravé par quelconques résultats électoraux. 


Quartiers chics - cylindrées allemandes et immatriculations bulgares
Même notre président, si « mou » jusqu'à présent, Karolos Papoulias, a accusé hier le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, d'avoir insulté notre pays. « Naturalisation » un peu tardive chez nos indignés, mais passons. Car Karolos Papoulias laissant par ailleurs entendre que la Grèce pourrait faire faillite, a par la même occasion vivement critiqué les attaques lancées contre nous par certains « Euro-partenaires » comme les Pays-Bas et la Finlande. « Je ne peux pas accepter que M. Schäuble insulte mon pays », a déclaré notre président et ancien résistant contre la précédente occupation durant la Seconde Guerre mondiale. « Qui est ce Monsieur Schäuble qui ose humilier la Grèce ? Qui sont ces Néerlandais? Qui sont ces Finlandais? Nous, nous avons fait la guerre [en 1940], non seulement pour la Grèce mais aussi pour [la liberté de] toute l'Europe», s'est-il insurgé, au cours d'un discours prononcé au ministère de la Défense....

Le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble, n'a pas réagi ouvertement, pour l'instant en tout cas (jeudi midi), également pour des raisons de protocole, notre vieux Papoulias demeure officiellement un chef d'État (bon rigolons un peu, là c'est permis). Les médias grecs ce jeudi, se disent informés d'une réaction allemande officieuse, « nous ne comprenons pas ces déclarations sur M. Schäuble, nous, nous voulons aider la Grèce ».

Seulement, nous réalisons de mieux en mieux les mécanismes de « l'aide » allemande. Selon notre hebdomadaire satyrique « To Pontiki » (09/02/2012), certains cercles d'universitaires, d'entrepreneurs et de penseurs, se rendent assez souvent à l'Ambassade de l'Allemagne, pour ainsi « préparer », l'avenir du pays. Les prochains « technocrates » peut-être ? Alors vivons-nous un retour à la diplomatie d'Otto Abetz ? Le journaliste anti-Mémorandiste, Georges Trangas, derrière le micro de Real Fm hier mercredi, a prétendu qu'un de ses amis, un entrepreneur justement, l'aurait mis en garde : « Fais gaffe, les Allemands te cherchent, toi et ta famille, déjà ils mettent la pression pour te faire éjecter de cette radio ». Poursuivant dans cette voie, et je le vois venir, on entendra des déclarations du genre « Alors Monsieur Schäuble, voulez-vous la guerre totale ? », et plus personne ne trouvera l'anachronisme si drôle...

Dans un café du centre, des médecins discutent entre eux. Après avoir liquidé rapidement les cancers au colon de leurs patients « condamnés », ils reviennent sur nos grandes pathologies. « Je crains que les dissidents à droite montent un nouveau parti, contre le Mémorendum, si il y a jonction avec la gauche, alors c'est fichu les gars, en tout cas le Mémorendiens exagèrent, je vois les nouvelles dispositions sur notre activité, ce n'est pas constitutionnel, nous ne pouvons plus travailler, nous porterons alors plainte, encore un peu, et ces gens de la gauche nous emmèneront tout droit, hors de l'Union Européenne... Après tout, [nous] les Grecs, le jours où nous réussirons à lire correctement le mot géopolitique, eh bien, nous tiendrons presque tous seuls, en ménageant les uns et les autres, pas en se faisant bouffer... ». « Dites, vous partez au ski en Autriche cet hiver ? » « Tu rigoles, c'est terminé tout cela, mais nous allons plus souvent au théâtre, puisque nous ne voyageons plus »  « Tiens, avez-vous vu que ceux de Bruxelles demandent aux communistes et aux autres à la gauche l'alignement sur le Mémorandum, ils sont fous, ils ont perdu toute conscience ou quoi ? »

Cette semaine encore, des universités ont reporté certaines épreuves sur table à cause du manque de papier, plus de budget pour les feuilles d'examen. L'organisme national du logis ouvrier, a été supprimé, et deux de ses agents ont failli se jeter du quatrième étage, pompiers et policiers ont évité de justesse le double suicide. Tandis que certaines ambassades dressent les listes de leurs citoyens en Grèce au cas où (évacuations d'urgence), et préviennent des risques de pénurie en alimentaire et en carburant (hebdomadaire Epikaira – 09/02/2012), nos écoles ferment assez souvent pour quelques jours, car sans chauffage, Hérodote passe mal !

Les mémorialistes des siècles suivants, devront alors se souvenir de nos vieilles rues, on y joue aux cartes, misant les derniers euros pendant que Yorgos sous une pluie fine se protège comme il peut dans sa couverture. Ni domicile fixe, ni dignité alors ? « Je veux un travail ». Dans les quartiers aisés les plaques bulgares évitant les nouvelles taxes sur les grosses cylindrées, allemandes le plus souvent, se multiplient; donc les gens aisés ont toujours une longueur d'avance sur les pauvres, surtout et y compris dans la "construction Européenne" !

Panagiotis Grigoriou. Historien et Ethnologue

Yorgos - Athènes 16/02/2012 - "Je veux un travail"
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