6/3/12

ROCARD DÉNONCE UN DANGER DE GUERRE MONDIALE QUI « FAIT PEUR »

Dans un entretien accordé le 2 mars à Libération à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage « Mes points sur les i », chez Odile Jacob, Michel Rocard dit toute son « inquiétude » face à la vacuité intellectuelle de la campagne présidentielle.
Michel Rocard met sur la table plusieurs menaces « d’une gravité inhabituelle » dans un contexte politique où règne une « imbécillité politique collective ».
Parmi les principales menaces évoquées par l’ancien Premier ministre, une guerre mondiale, l’extension de la xénophobie et les politiques de décroissance.
Voyons d’abord ce qu’il dit sur le danger de guerre, une préoccupation partagée par Solidarité Progrès, mais aussi par des hauts gradés militaires aux États-Unis et par des hommes de raison en Russie, en Chine et en Inde.
Répondant à la question « quelle est sa plus grande inquiétude en politique étrangère ? », Michel Rocard répond : « Personne ne regarde le grand Moyen-Orient. Nous avons une stratégie américano-anglaise, acceptée par les autres, et notamment par nous, consistant à torpiller toute possibilité de discuter sérieusement avec les Iraniens. Et même de faire un peu de provoc de temps en temps. Comme s’il s’agissait de préparer une situation de tolérance rendant acceptable une frappe israélienne. Dans cette hypothèse, la guerre devient une guerre irano-syrienne soutenue par la Chine et la Russie, comme on le voit à l’ONU, contre en gros l’Occident et ses clients. Et l’Europe se tait. C’est une affaire à millions de morts, l’hypothèse étant que ça commence nucléaire. Je connais bien ces dossiers et je n’ai jamais eu aussi peur. (…) Ce qui est nouveau, c’est l’intensité des dangers par rapport à un état d’esprit futile. »
Rocard s’attaque ensuite la « xénophobie croissante » qui se développe en France. « Ca me rends malade », dit l’ancien Premier ministre qui dénonce cette « joie de vivre que nous avons à parler de l’immigration et du malaise que créent les étrangers chez nous. » Mais, « quelles que soient l’intensité verbale, la vigueur des haines et la joie de vivre qu’auront les militants FN ou ceux de Sarkozy à voir les Français se refuser les uns les autres de vivre ensemble, ça ne changera rien et pourrira tout ».
Michel Rocard aborde le délicat problème de l’énergie. Dans son ouvrage, il fait un vibrant plaidoyer pour le nucléaire civil et éteint les illusions sur les énergies alternatives. « Nous avons envie tous d’une énergie qui ne tue plus et nous avons tous envie d’une énergie qui respecte notre écologie. Malheureusement, nous ne disposons pas encore de solutions scientifiques qui rendent les énergies renouvelables assez accessibles financièrement pour qu’elles s’intègrent dans le fonctionnement de nos économies. L’éolien et le solaire, les deux plus diffusées, ne permettent pas de faire du kilowatt-heure par milliards. Or il nous en faut des centaines de milliards. Des pays comme le Danemark et l’Allemagne, qui ont joué cette carte trop fort trop vite, vont avoir des problèmes car ils vont devoir payer l’éolien à des prix exorbitants. (…) Si on ne trouve rien, en l’état actuel des choses, on va vite arriver à un moment où la baisse très forte des énergies fossiles disponibles va se traduire par une baisse tout aussi forte du Produit intérieur brut. Ainsi, quiconque dit qu’il faut renoncer au nucléaire nous explique en fait qu’il faut accepter la décroissance. Et là, je fais une hypothèse, la seule du livre, c’est que l’obligation de la décroissance conduit à la guerre civile. »
Elaborant sur le lien entre décroissance et guerre civile, Michel Rocard en vient à parler de la situation en Grèce, soulignant que si l’on tente d’imposer une réduction de 25% du niveau de vie à ce pays, cela ne pourra se faire « qu’avec un pouvoir militaire ».
Entre pouvoirs financiers et peuples, cependant, Rocard fait son choix : « il devient de plus en plus indispensable d’annuler partout une bonne partie de la dette non payable ».
Et il propose comme principale mesure « la séparation absolue des banques de dépôt et des banques d’affaires » qui nous a évitées toute crise financière au cours de 60 ans de son application. Michel Rocard, qui reconnaît une certaine habilité à Nicolas Sarkozy par rapport à la crise, dénonce « ces mots terribles quand il a dit qu’il ne fallait rien faire qui puisse affaiblir le système bancaire, et notamment pas lui enlever la possibilité de faire de l’argent avec les dépôts des Français. »
Quand à savoir quelle marge de manœuvre aura Hollande, Michel Rocard s’insurge que le rétablissement de la séparation des banques « ne coûte rien », et explique que « la vraie marge de manœuvre, c’est la compréhension politique de l’opinion, d’où l’importance d’en parler. »
En conclusion Michel Rocard avertit : « Je ne vais pas les lâcher, ni lui, ni Sarko, ni nos pauvres écolos qui ont raison à peu près sur tout sauf l’énergie, c’est-à-dire sur l’essentiel. »

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