12/8/12

Hillary Clinton à Ankara : jactance & dures réalités

Par Louis Denghien, 
Pour Hillary C., il s’agissait autant de sauver le soldat Erdogan que de préparer l’après-Bachar
La visite d’Hillary Clinton chez son fidèle Erdogan a été l’occasion d’un nouveau mix de menaces et d’espérances formulées tout haut : ce n’est rien moins que « l‘après Assad« , ou plus précisément « le jour d’après la chute d’Assad » que le chef de la diplomatie américaine est venu préparer avec son fondé de pouvoir régional.
Diplomatie, humanisme & lucidité à géométrie hyper-variable
Pour accélérer cette perspective qui se fait attendre depuis quelque cinq-cent jours à présent, la secrétaire d’État envisage notamment d’étendre les sanctions américaines et alliées anti-syriennes à l’Iran et au Hezbollah, Miss Clinton ayant crû déceler des « liens » entre ces trois entités.
Mais la boss de la diplomatie américaine était en Turquie : elle a donc relié la question syrienne à la question turque, via le PKK, mouvement séparatiste kurde qu’elle a associé à al-Qaïda. Outre que le PKK  et en tous cas le nationalisme kurde en général a été encouragé naguère par les mêmes Américains contre Saddam Hussein et l’Iran, l’arrivée et le développement d’al-QaIda en Syrie est la conséquence directe du soutien des Occidentaux – Américains et Turcs les premiers – aux groupes armées de l’ASL, militairement et idéologiquement perméables au radicalisme djihadiste. Mais écoutons ce qu’a dit précisément Hillary Clinton sur le sujet  : elle s’inquiète donc  « que des terroristes du PKK, d’al-Qaïda ou d’autres tirent avantage de la lutte légitime du peuple syrien pour la liberté pour promouvoir leurs propres intérêts ».
Nous nous inquiéterions plutôt de ce que les États-Unis cherchent à promouvoir le chaos et la guerre en Syrie, au Liban et en Iran pour « promouvoir leurs propres intérêts » géostratégiques. Intérêts à courte vue car tout ce qu’auront réussi à faire les Américains, c’est à renforcer l’Islam radical salafiste, qui vient déjà titiller la frontière sud d’Israël. Mais enfin c’est leur problème, et leur inconséquence diplomatique. On pourrait demander aussi, si nous étions naïfs et avec du temps à perdre, à la secrétaire d’État ce qu’elle pense du niveau de légitimité de la lutte des Kurdes, ou des chiites du Bahrein et d’Arabie séoudite, sans même parler des Palestiniens.
Miss Clinton a profité de son séjour turc pour rappeler que la politique de son pays à l’égard de la Syrie reposait sur « trois piliers« . À savoir, soutien à l’opposition armée, via une aide « non létale » ; aide humanitaire et préparation d’une transition politique. « Des mots, toujours des mots, les mêmes mots » depuis des mois, et au moins un mensonge : même la presse américaine dit que la CIA en Turquie supervise la distribution à l’ASL des armes payées par le Golfe. Quant au volet humanitaire, il s’agit de s’acheter une clientèle locale, et, pour la nation qui a le plus bombardé de peuples ces vingt dernières années et qui a toujours soutenu des potentats absolus dans le monde arabe – de Moubarak à Abdallah d’Arabie – de se poser en défenseur des faibles et des persécutés.


Ankara, le 11 août : Tous les Turcs n’ont pas pour Hillary Clinton et ce qu’elle représente les yeux de Chimène et d’Erdogan

Erdogan : du rêve syrien au cauchemar kurde

Erdogan a nourri l’ASL contre la Syrie, et il retrouve les Kurdes à ses frontières. Qui a vécu par l’ingérence et la manipulation périra par l’ingérence et la manipulation..

Il est vrai que cette visite est aussi un geste envers le fidèle, sinon efficace et fiable, Erdogan. Qui en a certes bien besoin. Reuters a consacré le 7 août un article assez bien vu sur le tour cauchemardesque que prend le conflit syrien pour Ankara : outre une instabilité à la frontière sud, avec le développement de courants radicaux islamistes qui défient Ankara jusque sur sa frontière syrienne, la Turquie a vu se dessiner ces dernières semaines un élargissement militaire et politique du front kurde jusqu’à la Syrie, alors qu’à l’extrême sud-est de son territoire, un ou deux districts sont tombés tout récemment sous le contrôle du PKK. Ajoutons à cela de vives tensions avec la Russie et l’Iran. Et encore, même si l’article deReuters ne l’évoque pas, des difficultés économiques et politiques intérieures pour le gouvernement Erdogan.
Interrogé par Reuters, un chercheur anglo-saxon installé à Ankara, Gareth Jenkins, résume ainsi l’impasse dans laquelle Erdogan et son équipe ont conduit en un an leur pays : « Ils n’ont pas vraiment réfléchi. Ils se sont dit : « débarassons nous » d’Assad, sans vraiment penser çà ce qui vient après ». Et cette impulsivité, cet amateurisme de la direction turque a eu le résultat suivant, là encore implacablement résumé par Jenkins : « Maintenant leurs deux scénarios de cauchemar sont en train de se matérialiser : l’émergence d’une sorte d’entité kurde dans le nord de la Syrie qui sera clairement un atout pour le PKK et renforcera les Kurdes en Turquie dans leur désir d’autonomie ; et une libanisation de la Syrie avec une longue guerre civile ethnique et religieuse avec différents groupes contrôlant différente région« .
Sur ce dernier point, disons qu’on n’en est pas encore là, et que le seul moyen de conjurer ce cauchemar turc serait précisément une victoire totale et rapide de Bachar ! Au fait, à quand, pour le bien des Turcs et des Syriens, le « jour d’après » Erdogan ?
Là encore, on pourrait dire que c’est leur problème – « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre » -, mais la conduite politique des dirigeants turcs a eu les conséquences dramatiques que l’on sait pour les Syriens. Sauf que les Turcs risquent d’avoir à payer, à leur tour.

L’autisme « hollandais »
Du big boss occidental, passons au « brillant second » – ou troisième : prenant la parole aux obsèques du 88e militaire victime de l’absurde guerre occidentale en Afghanistan, François Hollande a tenu à faire un détour par la Syrie, précisément la frontière syro-jordanienne où une mission sanitaire et militaire française est arrivée pour soigner non seulement les réfugiés, mais aussi, a tenu à préciser le suivant et le suiveur de Sarkozy, les « combattants blessés« . François Hollande passe généralement pour un homme intelligent, posé et doué d’humour, mais force est de constater que ces qualités s’évaporent dès qu’il est question de la Syrie et de la politique étrangère en général : là, le petit doigt sur la couture du pantalon d’uniforme atlantiste – et sioniste – M. le président de la République française sort invariablement les lieux communs et mensonges de la « ligne » américaine. C’est comme ça et là encore c’est son problème :avec ses amis euro-occidentaux, Hollande fait par paresse et conformisme intellectuels, pour des préoccupations de politique intérieure aussi, une analyse fausse de la situation en Syrie – et dans la région. ll préfère avoir tort avec Clinton et Cameron que raison avec Poutine. Mauvais choix.

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1 σχόλιο:

  1. L'auteur semble ignorer le sentiment profondement anti-syrien des Armees, qui certes n'en sont pas un "complexe miltaro-industriel" comme aux Etats Unis mais la "Grande Muette" exerce la pression qu'il faut la ou il faut.
    La Syrie, l"armee Francaise ne peut pas la blairer !Ca va loin, a la Societe des Nations et au mandat, a Beyrouth dans les annees 80 ...
    Et finalement Hollande qui c'est ? Certes pas Fidel Castro des annees 60, la France est un des pylones de l'OTAN, la France est "en plein dedans" dans l'appareil militaire de l"Alliance (STANAVFORMED, AWACS, developpement et gestion du MIDS - LINK 16, SATURN et HQ II...)
    En effet, entre l'Occident et Poutine Hollande se doit de choisir le dernier. Meme - et surtout- au Moyen Orient.

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