16/11/11

La Grèce n'a pas triché !

par Costas Simitis, ancien premier ministre grec         Le Monde
Il est important de clarifier les faits liés à l'entrée de la Grèce dans l'Union économique et monétaire (UEM), et de permettre ainsi une meilleure compréhension du "problème grec" à un moment critique où les relations de confiance entre la Grèce et l'Union européenne sont perturbées. Lors d'une interview diffusée sur TF1, Nicolas Sarkozy, le chef de l'Etat français, a qualifié de "fausses" les données statistiques fournies par la Grèce lors de son adhésion à l'UEM. Il a même déclaré que l'admission du pays dans la zone euro a été une "erreur" commise par les gouvernements de l'époque, dont il n'était pas membre.
Rappelons les faits : les critères d'adhésion sont établis dans le traité de Maastricht et concernent le déficit budgétaire (inférieur à 3 % du PIB), l'inflation, les taux d'intérêt et la stabilisation du taux de change. Leur réalisation est certifiée par la Commission européenne et par la Banque centrale européenne (BCE), tandis que la décision d'admission est prise par les ministres des finances au sein du Conseil pour les affaires économiques et financières.
La Grèce a adhéré à la zone euro sur la base de ses performances évaluées en 1999. En 2004, à la suite des élections, le nouveau gouvernement dirigé par le parti Nouvelle Démocratie a procédé à un changement rétroactif des règles appliquées pour l'enregistrement des dépenses militaires : ces dernières, au lieu d'être enregistrées à la date des livraisons de l'équipement - comme c'était la règle dans les pays européens -, ont été transférées à la date de commande. Donc, des sommes importantes qui devaient faire partie des budgets d'après 2004 ont été enregistrées comme dépenses de la période précédente, ce qui a gonflé les déficits de cette période.
On a plusieurs fois dénoncé cette tricherie motivée par des considérations de basse politique. Il est malheureux que M. Sarkozy reprenne cette idée à son compte, à moins qu'il ne conteste l'intégrité des services de la Commission et de la BCE. Par ailleurs, il n'a pas su remarquer un détail révélateur de la mauvaise foi marquant cette discussion : le déficit budgétaire de la France lors de son adhésion en 1997 (estimé à 3,3 % de son PIB), a été supérieur à celui de la Grèce (3,1 %). On peut espérer que l'obsession des données statistiques finira par céder la place à une réflexion plus mûre, concentrée sur les conditions nécessaires pour assurer la coexistence de pays aux niveaux de développement inégaux au sein de l'union monétaire. Il semble que ce soit la seule voie qui puisse garantir la poursuite du projet européen.

Costas Simitis, ancien premier ministre grec


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