2/9/19

Développements politiques contre Erdogan en gestation en Turquie

Davutoglu, Gul, Babacan, les trois protagonistes du nouveau mouvement politique contre l'AKP et Erdogan


Les développements politiques en Turquie concernent la Grèce - en particulier ceux liés au président Tayyip Erdogan, étant donné que la nature pléthorique de cet important dirigeant politique, associée à son agenda islamo-néo-ottoman, exprime une politique fortement révisionniste envers Chypre et la  Grèce. 
Et nous affirmons cela parce que, bien que nous ayons déjà souligné par le passé, dans de nombreux articles que la politique étrangère en Turquie est élaborée par l'État avec les entités étatiques concernées, les ministères des Affaires étrangères et les forces armées, dans le cas d'Erdogan, les choses ont changé, puisque pour la première fois de l'histoire de la Turquie moderne, les objectifs de la politique étrangère de la Turquie sont définis par le président Erdogan lui-même, avec ses conseillers et le Parti de la justice et du développement (AKP) en l’absence des entités étatiques susmentionnées.

Le 15 juillet 2016, des officiers associés aux kémalistes et gulénistes ont tenté de renverser Erdogan, mais sans succès. En fait, l'une des raisons pour lesquelles Erdogan s’est rapproché de la Russie était qu'il croyait lui-même, et continue de croire, que les États-Unis étaient à l'origine du coup d'État. Il y a aussi ces rumeurs selon lesquelles la Russie aurait fourni à Erdogan des informations cruciales pour conduire les putschistes à l'échec.

Erdogan, après tout cela, a commencé à prendre progressivement en main le contrôle de tous les pouvoirs, jusqu'à ce que cela soit institutionnalisé, avec le passage du régime politique de la démocratie parlementaire présidentielle à une démocratie présidentielle directe (juin 2018).

Au cours de la procédure de nettoyage de son environnement et de la concentration de tous les pouvoirs en ses mains, il a limogé son proche collaborateur et mentor en stratégie nationale et politique étrangère, Ahmet Davutoglu, lequel avait exercé pendant des années successivement les fonctions de conseiller, ministre des Affaires étrangères et Premier ministre de Turquie.

Il le ‘limogea’ politiquement après la publication d’un texte sur Internet, sur le blog pelikandosyasi, le 1er mai 2016, alors que Davutoglu était toujours Premier ministre.

Dans ce texte, il était clair que Davutoglu était sous surveillance constante en Turquie, mais également lors de ses voyages à l'étranger, et était accusé –rien de moins- de chercher à marginaliser Erdogan et à s'emparer du pouvoir à la suite des discussions qu'il avait menées avec les États-Unis, Gulen et l'Angleterre.

Davutoglu a ensuite été contraint de démissionner le 22 mai 2016.

Pour différentes raisons, et toujours dans le souci d'un contrôle total du pouvoir par lui-même et sa famille, Erdogan a également écarté de son entourage l'ancien président de la République, Abdullah Gul, qui se trouvait dans le petit noyau des fondateurs de l'AKP, et Ali Babacan, architecte de la politique économique des gouvernements de l'AKP et du "miracle" économique de la Turquie.

Il a écarté d’autres personnes, mais nous resterons avec ces trois-là, car ce sont ceux qui ont pris l'initiative de créer un nouveau parti, avec d’autres dirigeants de l'AKP qui sont agacés par la politique menée par Erdogan mais aussi par la concentration excessive de pouvoir et d'argent par lui-même et sa famille.

La fondation du parti est attendue dans les semaines ou les mois à venir, et nous ne pouvons être plus précis car Erdogan aurait acquis les "dossiers" de ses trois rivaux pour déclencher une guerre de diffamations que personne ne sait où elle aboutira.

En tout cas, Erdogan pourrait ... déclarer qu'il dispose d'assez de "révélations contre  les apostats", mais ce fût Ahmet Davutoglu qui a lancé la "bombe" le premier dans un discours prononcé dans la ville de Sakarya, à la fin de la semaine passée, où il a déclaré entre autres:

"Les menaces ne m’affectent pas. S’ils ouvrent les carnets de notes au sujet de notre lutte contre le terrorisme, certains ne pourront pas regarder les gens de face à face. Ceux qui nous critiquent aujourd'hui ne pourront pas circuler librement en public.  Pourquoi? Je vous invite à vous souvenir".

"Quand, plus tard, l'histoire de la République turque sera écrite, la période du 7 juin au 1er novembre sera décrite comme l'une des plus critiques."

Avant d'expliquer à quel point les accusations de Davutoglu sont graves, rappelons que les élections nationales du 7 juin 2015 en Turquie, où le Parti démocratique du peuple (HDP) avait recueilli le pourcentage sans précédent de 13,1% en élisant 81 députés et annulant la majorité d'autosuffisance parlementaire de l'AKP, lequel aurait été obligé de collaborer avec le HDP kurde pour former un gouvernement.

Davutoglu était alors favorable à la formation d'un gouvernement de collaboration, tandis qu’Erdogan avait en tête le plan suivant: il interromprait les pourparlers avec les Kurdes sur la solution politique du problème kurde, leur déclarerait la guerre et les rendrait excluables, rassemblant ainsi les milieux nationalistes-islamistes et mènerait le pays à des élections extraordinaires. En effet, des 40,87% qu'il avait obtenus et des 258 députés élus aux élections du 7 juin, au 1er novembre 2015, il a obtenu 49,50% et a élu 317 députés, garantissant ainsi l'autosuffisance parlementaire.

Mais regardons ce qui s’est passé pendant ces six mois et pourquoi Davutoglu est menacé de révélations.

·           Deux jours avant les élections du 7 juin, un attentat contre le HDP a eu lieu à Diyarbakir, faisant cinq morts.
·           Le 20 juillet, un kamikaze de l'État islamique a tué 34 personnes dans la ville kurde de Surut.
·           Le 22 juillet, deux policiers ont été retrouvés morts, une balle dans la tête à leur domicile, dans la ville kurde de Jeyilpinar. Cette action a marqué la fin de la "période de résolution" du problème kurde et le début des attaques ouvertes de l'État contre les Kurdes.
·           Le 8 septembre, des attaques synchronisées ont eu lieu contre les bureaux du HDP dans toute la Turquie, alors que Davutoglu déclarait que "les sondages montrent que nous progressons".
·           Le 10 octobre, lors d'une manifestation pour la paix organisée par des organisations kurdes, deux kamikazes appartenant à l'EI ont tué 102 personnes.

Voila ce que Davutoglu veut dire quand il dit qu'Erdogan "a joué avec le terrorisme" et a utilisé ses terroristes de l'EI contre les Kurdes, le rendant responsable du meurtre de dizaines de civils.

Nous ne pouvons pas deviner si Davutoglu finira par faire des révélations qui conduiront vraiment à des renversements, ou s'il sera menacé et nous dira "ce n’est pas exactement ce que je voulais dire…".

Une chose est sûre, cependant, c'est que la "guerre" a commencé et que nous allons voir beaucoup de batailles prochainement.

Traduction du grec Christian Haccuria


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