21/1/12

Le bilan 2011 de la politique étrangère turque

Par Jean Marcou
2010 avait vu la Turquie, suivant des tendances qualifiées parfois de néo-tiers-mondistes, signer aux côtés du Brésil un accord avec l’Iran, pour éviter les sanctions que les Etats-Unis préparaient contre la République islamique. Cette même année la politique de bon voisinage d’Ahmet Davutoğlu, qui touchait alors à son paroxysme, amenait celui-ci à promettre la prochaine ouverture d’une zone turco-arabe de libre échange sans frontière, d’Istanbul à Casablanca.
C’était l’époque où l’espace Şamgen prétendait rivaliser avec l’espace Schengen et où la Turquie semblait se détourner de ses alliés occidentaux. L’année 2011 aura été le moment d’un recentrage de la politique étrangère turque et d’un retour à un plus grand réalisme. Sans doute le printemps arabe et les incertitudes politiques et stratégiques qu’il a introduites dans l’étranger proche de la Turquie n’est-il pas pour rien dans cette évolution, qui ne saurait pourtant constituer un retour, ni bien sûr à la politique étrangère turque de la guerre froide, ni même à celle de la période post-bipolaire.

La Turquie et le printemps arabe

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Politique étrangère de la Turquie 2011
Pas plus que les capitales occidentales, Ankara n’avait anticipé les soulèvements qui ont commencé à affecter les pays arabes à partir de la fin de l’année 2010. Il a fallu attendre que le régime d’Hosni Moubarak soit confronté à une contestation laissant très mal augurer de son avenir (début février 2011), pour que le gouvernement turc, sous la pression de ses médias nationaux, s’exprime enfin et demande aux dirigeants arabes d’écouter leurs peuples pour procéder à des réformes (cf. nos éditions des 31 janvier 2011 "Le gouvernement turc reste prudent à l’égard des événements qui se déroulent en Egypte". et 1er février 2011 "Égypte : Recep Tayyip Erdoğan sort enfin de son mutisme."). Par chance, Ben Ali avec lequel la Turquie avait peu de contacts n’avait pas réglé les notes d’hôtel du leader de l’AKP, et le Rais égyptien, qui l’appréciait peu, n’avait pas eu l’occasion de le régaler d’une croisière sur le Nil. En revanche, l’économie turque avait fait de la Libye l’un de ses champs d’expansion privilégié, et Recep Tayyip Erdoğan avait même reçu, en novembre 2010, un prix des droits de l’homme, des mains de Mouammar Kadhafi. Quant à la Syrie, elle était devenue le joyau de la politique du « zéro problème avec nos voisins » prôné par Ahmet Davutoğlu, Recep Tayyip Erdoğan multipliant les rencontres et faisant assaut d’amabilités avec Bachar el-Assad. L’approfondissement du printemps arabe a donc amené la Turquie à de délicates mises au point. Initialement hostile à toute immixtion dans la crise libyenne, Recep Tayyip Erdoğan, qui avait affirmé qu’il ne pointerait jamais une arme turque contre le peuple libyen, s’est retrouvé isolé, avant de s’employer à ramener l’intervention internationale, initiée par la France et le Royaume-Uni, sous le parapluie de l’OTAN. Ce mouvement, qui a finalement conforté la position américaine dans la région, a permis au gouvernement turc de revenir progressivement dans le jeu, et d’apporter efficacement son appui au Conseil National de Transition (CNT) libyen, après avoir fermé son ambassade à Tripoli et appelé Kadhafi à quitter le pouvoir (cf. nos éditions des 6 avril 2011 "Action humanitaire et initiatives politiques : la Turquie tente de reprendre la main en Libye…", 11 avril 2011 "La feuille de route turque pour la Libye peine à convaincre" et 26 août 2011 "La Turquie aux avant-postes de la reconstruction en Libye"). La crise syrienne s’est avérée plus difficile à négocier pour la diplomatie turque (cf. notre édition du 3 juin 2011 "La Turquie face à la crise syrienne"). Dans les premières semaines, Recep Tayyip Erdoğan a essayé de montrer qu’il travaillait à convaincre, celui qu’il appelait encore son « ami » Bachar el-Assad, à faire des réformes. Mais, dès lors que la répression a tourné au bain de sang, les premières mises en garde adressées au régime de Damas se sont muées en condamnations de plus en plus sévères (cf. notre édition du 15 mai 2011 "Recep Tayyip Erdoğan durcit le ton à l’égard de son « bon ami » Bachar el-Assad"), le leader turc se mettant même dans ses discours, à l’automne 2011, à apostropher sans ménagement le président syrien par son prénom, comme s’il voulait exorciser les liens qui avait pu le lier à un « faux-frère », qui aujourd’hui faisait tirer sur son peuple et risquait de subir, pour cette raison, le même sort que les Hitler, Mussolini et autres Kadhafi ! (cf. nos éditions des 16 novembre 2011 "Le drapeau brûle entre la Turquie et la Syrie !" et 23 novembre 2011 "À propos d’une intervention turque en Syrie") Pour autant, en dépit de ces mises à jour difficiles, et alors même que certains commentateurs évoquaient alors une faillite de la politique de bon voisinage d’Ahmet Davutoğlu, il faut reconnaître que la Turquie est finalement parvenue à négocier de façon relativement satisfaisante l’épreuve des révolutions arabes. Surfant sur le prestige que lui a procuré dans le monde arabo-musulman, non seulement ses succès économiques spectaculaires, mais aussi la popularité de ses fameux feuilletons télévisées, l’activisme de ses organismes de coopération et son soutien à la cause palestinienne, Ankara a rapidement compris tout le parti qui pouvait être retiré du changement en cours dans un monde arabe séduit par le « modèle turc » (cf. l’interview d’Hicham Mourad, dans notre édition du 6 décembre 2011 "En Égypte, « la Turquie évoque une réussite finalement assez proche de celle qu’ont connue l’Europe ou les Etats-Unis », estime le journaliste égyptien Hicham Mourad"). Lors de la tournée qu’il a entreprise en Egypte, en Tunisie et en Libye, au mois de septembre 2011, Recep Tayyip Erdoğan a pu mesurer l’ampleur de sa popularité (cf. notre édition du 14 septembre 2011 "Tahrir accueille Recep Tayyip Erdoğan en héros"). Il faut dire qu’entretemps le rapport en demi-teinte de l’ONU sur l’arraisonnement meurtrier du Mavi Marmara lui avait fourni l’occasion de nouvelles sanctions et diatribes contre Israël (cf. notre édition du 3 septembre 2011 "Après le rapport de l’ONU sur la flottille, la Turquie réduit à l’extrême ses relations avec Israël"). Mais le leader turc a par ailleurs surpris par sa modération, prêchant même au monde arabe en mutation, la démocratie et la laïcité « à la turque », plutôt que « l’islam modéré » dont beaucoup s’attendaient à lui voir emboucher les trompettes (cf. notre édition du 16 septembre 2011 "En Tunisie, Recep Tayyip Erdoğan défend une conception turco-ottomane des relations Etat-religion.").

Une rivalité latente avec l’Iran du fait des incertitudes syriennes et irakiennes

Cette posture réaliste a permis de vérifier l’existence de désaccords importants entre la Turquie et l’Iran, malgré le rapprochement de l’année précédente sur le dossier nucléaire (cf. article de Jean-Paul Burdy dans nos éditions des 2 août 2011 "L’Iran et la Turquie face aux « révolutions arabes » (I)" et 5 août 2011 "L’Iran et la Turquie face aux « révolutions arabes » (II)"). La République islamique a peu apprécié de voir son voisin, lui ravir la vedette de la rhétorique anti-israélienne et se poser en exemple pour le monde arabe en révolte, au moment même où il acceptait par ailleurs le bouclier antimissile américain. Elle a très mal accueilli notamment la décision d’Ankara d’installer un radar de détection précoce près de Malatya, à Kürecik, dans le sud-est du pays (ce dispositif a commencé à fonctionner dès le début de l’année 2012). En novembre 2011, certains dirigeants iraniens en ont même tiré argument pour affirmer que l’Iran frapperait la Turquie en cas d’attaque israélienne ou américaine contre ses installations nucléaires. Mais c’est aussi l’évolution incertaine de la situation en Syrie et en Irak qui a avivé la rivalité de ces deux acteurs régionaux majeurs (cf. nos éditions du 13 décembre 2011). L’aggravation de la crise syrienne et le risque de voir le régime de Bachar el-Assad tomber, font craindre à l’Iran l’arrivée au pouvoir dans ce pays d’un régime qui serait favorable à Ankara, et qui le priverait de ses moyens d’intervention au Liban et au Proche-Orient. Le départ américain de l’Irak pose le problème des influences futures auxquelles sera soumis ce pays (cf. notre édition du 6 janvier 2012). La Turquie, quant à elle, redoute que les forces politiques chiites, qui sont majoritaires et qui gouvernent l’Irak actuellement, ne deviennent le vecteur d’une domination iranienne sur ce pays. Elle a très mal réagi au mandat d’arrêt lancé par le gouvernement irakien (à majorité chiite) contre le vice-président sunnite irakien Tareq el-Hashemi et compte sur ses bonnes relations avec les Kurdes irakiens pour contrebalancer l’influence croissante des Chiites. Elle craint enfin que Téhéran et Damas n’essayent d’instrumentaliser la question kurde à leur profit, et a plusieurs fois mis en garde le régime de Bachar el-Assad, à cet égard. La fin de l’année a pourtant été marquée par une pause dans les tensions qui avaient affecté les relations turco-iraniennes au cours du second semestre 2011. Le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a en effet assuré que les menaces proférées par certaines personnalités iraniennes civiles et militaires à l’encontre de la Turquie ne reflétaient pas la position officielle de son pays, et lors d’un déplacement à Téhéran au début de l’année 2012, Ahmet Davutoğlu a mis en garde l’Iran contre les risques que présentait le développement d’une guerre froide sectaire opposant chiites et sunnites au Moyen-Orient. Un contexte moins tendu pourrait permettre à la Turquie d’aider la République islamique à renouer avec les pays occidentaux, en accueillant sur son territoire la reprise des négociations du groupe 5+1 concernant le dossier nucléaire iranien. Mais une fois de plus, en 2011, les relations turco-iraniennes auront été fidèles au précepte « Ni amis, ni ennemis ! » qui les caractérise depuis longtemps (cf. notre interview dans Le Monde du 16 novembre 2011 "La relation turco-iranienne va se stabiliser dans la méfiance réciproque") .

L’activisme turc au Proche-Orient et dans les Balkans

Si la Turquie espère toujours jouer un rôle de médiateur de premier plan concernant le dossier nucléaire iranien, elle a continué par ailleurs, au cours de l’année écoulée, à montrer cette aptitude sur d’autres terrains, notamment en favorisant le dialogue entre les factions palestiniennes, et surtout en jouant un rôle de modérateur dans les Balkans. Au cours du premier semestre 2011, le gouvernement turc s’est beaucoup investi, dans la réconciliation du Fatah et du Hamas (cf. article de Victoria Lavenue dans notre édition du 1er juillet 2011 "La Turquie au cœur des négociations inter-palestiniennes."). À cet égard, il a voulu montrer aux grandes puissances, notamment aux Etats-Unis, que sa diplomatie active pouvait contribuer à une résolution de la crise du Proche-Orient. Il n’est ainsi pas étonnant que le Hamas ait invité Recep Tayyip Erdoğan à se détourner, quelques heures, de sa tournée égyptienne, en septembre, pour venir à Gaza. Mais Le Caire n’a pas souhaité servir au premier ministre turc, sur un plateau d’argent, ce qui aurait été probablement un triomphe, au moment où l’Égypte, absorbée par ses difficultés internes, est peu présente sur la scène régionale. Cette convergence turco-palestinienne, et surtout les suites de l’arraisonnement meurtrier du Mavi Marmara, ont en revanche porté à un paroxysme la détérioration des relations turco-israéliennes. Après la déception qu’a constituée pour elle le rapport d’enquête de l’ONU sur le Mavi Marmara, Ankara a décidé de réduire ses rapports diplomatiques avec Tel-Aviv au niveau de 2e secrétaire (cf. notre édition du 3 septembre 2011 "Après le rapport de l’ONU sur la flottille, la Turquie réduit à l’extrême ses relations avec Israël"). Et, en dépit des efforts faits par les Américains, il paraît peu probable que cette situation puisse connaître une amélioration à court et moyen termes. La politique balkanique de la Turquie, au cours de l’année 2011, a été par la force des choses moins médiatisée que sa politique arabe. Pourtant, Ankara a joué un rôle important de modérateur et de stabilisateur dans la péninsule, en particulier pour favoriser un dialogue entre les différentes factions bosniaques, et pour sortir la Serbie de son isolement. Elle a notamment tenté de favoriser les contacts de Belgrade, tant avec son voisin bosniaque, qu’avec le Kosovo, qui n’est pas reconnu, comme l’on sait, par les Serbes. De façon très symbolique, Ahmet Davutoğlu a passé le l’Aïd el Fitr (fête de fin de Ramadan) à Sarajevo (cf. notre édition du 1er septembre 2011 "Ahmet Davutoğlu fête l’Aïd « chez lui »… à Sarajevo"), et a tenu à ce que la 4ème conférence annuelle des ambassadeurs turcs, qui s’est achevée, en décembre 2011, dans la ville d’Edirne (sur la frontière gréco-bulgare), accorde une large place aux efforts turcs contemporains de stabilisation des Balkans, au moment où l’on s’apprête à célébrer le centième anniversaire des guerres balkaniques qui ébranlèrent la Péninsule, juste avant le premier conflit mondial. C’est sans doute dans cette relation avec des terres balkaniques chargées d’histoire ottomane que le concept de « néo-ottomanisme », souvent appliqué à la nouvelle politique étrangère turque, prend le plus de sens.

Des relations incertaines avec la Russie

Plus au nord, les relations avec la Russie restent néanmoins incertaines. La catastrophe de Fukushima n’a certes pas remis en cause le projet construction de la première centrale nucléaire turque par les Russes (à Akkuyu, près de Mersin), qui est même entré, en 2011, dans sa phase opérationnelle. Par ailleurs, à la fin de la même année, Ankara a définitivement confirmé sa participation au projet russe de gazoduc South Stream, ce qui hypothèque, un peu plus, les chances du projet européen « Nabucco » de voir le jour. Toutefois, cette confirmation n’a pas été facile à obtenir, et l’année écoulée a été marquée par de nombreux accrochages entre les deux pays, notamment en ce qui concerne le renouvellement de l’accord global de fourniture de gaz par la Russie. En tout état de cause, si les relations économiques entre les deux pays restent fructueuses, les rapports politiques que ceux-ci entretiennent sont beaucoup plus inégaux. En fait, la Russie ne voit pas d’un très bon œil les initiatives de la Turquie en direction du monde arabe depuis le début des soulèvements qui y ont eu lieu. Elle redoute notamment que son voisin turc devienne le principal acteur d’une intervention occidentale contre son allié syrien. Moscou reproche en outre à Ankara sa participation au bouclier antimissile de l’OTAN, en dépit des assurances fournies par la diplomatie turque sur le caractère uniquement défensif de cet engagement. Pour leur part, les Turcs ont été très déçus que les Russes n’interviennent pas activement auprès de leurs alliés Arméniens, pour aider à la ratification des protocoles de normalisation qu’ils ont signés avec Erevan, depuis octobre 2009. Lorsque Recep Tayyip Erdoğan s’est rendu en Russie en mars 2011, le gouvernement russe a fait savoir en effet qu’il considérait le rapprochement turco-arménien comme un processus avant tout bilatéral, dans lequel il n’avait pas l’intention de s’immiscer. On ne peut être plus explicite… Quoiqu’il en soit, au cours de cette année, la perspective d’une ratification des fameux protocoles de Zurich s’est éloignée, l’Arménie et la Turquie ne cessant de se rejeter la responsabilité de cette situation, et la démolition du monument à l’amitié turco-arménienne de Kars n’ayant fait que détériorer un peu plus des rapports déjà tendus (cf. article de Jean-Paul Burdy dans notre édition du 1er juin 2011 "La démolition du « monument à l’Humanité » de Kars et les relations turco-arméniennes : un signal négatif").

Des ambitions mondialisées

Toutefois, ces relations inégales avec son voisinage n’auront pas empêché la Turquie d’affirmer à nouveau son ambition de devenir un acteur global. Cette posture s’est manifestée, au cours de l’été 2011, à l’occasion de la famine dans la Corne de l’Afrique, qui a vu le premier ministre turc se porter aux avant-postes de la mobilisation internationale, non seulement pour faire la leçon au monde musulman, mais aussi pour reprocher leur inaction aux pays occidentaux. L’activisme humanitaire turc en Somalie, comme celui qui a été déployé parallèlement en Libye, sont venus rappeler qu’au cours des dernières années, la Turquie est devenue un pays plus donneur que receveur, en matière d’aide internationale. Ce désir de s’approcher de plus en plus de la « cour des grands » s’est traduit aussi par des mutations affectant l’armée et l’armement. Au moment même où l’armée turque voit son rôle politique intérieur diminuer, et où des réformes allant vers une réduction de ses effectifs et une plus forte professionnalisation de ses corps sont à l’ordre du jour, la Turquie a renforcé ses acquisitions et sa production de matériels sophistiqués. En septembre 2011, elle est entrée dans le club des 10 pays produisant des navires de guerre. Membre du consortium des pays occidentaux qui produisent le nouvel avion américain F-35, elle a décidé récemment d’acquérir également ce type d’équipement. Enfin, lors d’un discours à TÜBITAK (Conseil turc de la recherche scientifique et technique, équivalent turc du CNRS français), à la fin de l’année 2011, Recep Tayyip Erdoğan a incité les chercheurs turcs à se lancer dans la construction de missiles à longue portée. Toutefois, comme c’est actuellement le cas pour le F35, on observe que la Turquie peine à obtenir des transferts complets technologies, ce qui semble indiquer que les grandes puissances productrices d’armement commence à se méfier d’un allié et d’un client, qui pourrait devenir un jour un concurrent.

En guise de conclusion…

Ce bilan montre que la diplomatie turque a relativement bien négocié le tournant du printemps arabe. Mais cet événement considérable et la fin de la présence américaine en Irak ont accru l’instabilité dans la région. En outre, la Turquie se retrouve dans une situation où elle doit concilier sa politique de bon voisinage avec ses alliances traditionnelles et ses ambitions au niveau mondial. Cette situation est indubitablement celle d’une puissance économique émergente qui est à la recherche de son rôle politique. On a vu cette année que la Turquie avait été parfois partagée entre son désir de soutenir les soulèvements arabes, et sa réticence à voir se développer des interventions internationales générant par la force des choses une immixtion étrangère dans les affaires régionales. En 2012, la Turquie pourra-t-elle à la fois tenir un discours aux accents parfois néo-tiers-mondistes sur le dossier nucléaire iranien ou sur la réforme du système des Nations-Unies, tout en continuant par ailleurs à s’abriter derrière le bouclier antimissile américain ? Πηγή

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